Femmes en prison | Automne 1998 |
Lannonce ministérielle en 1995 du «virage correctionnel»
marque les grandes orientations de lavenir et propose «un recours modéré aux
mesures pénales et correctionnelles». En 1996, le taux de criminalité demeure stable par rapport à ceux des
années 1994-1995. Cette tendance se modifie aujourdhui. On constate une baisse des
comparutions à la cour du Québec pour les causes criminelles, passant de 28 % en
1993-1994 à 8,7 % en 1995. Malgré ce contexte favorable, il ny a eu aucune réduction de la
demande auprès des services correctionnels. Le virage en question poursuit deux objectifs: Traiter différemment la criminalité pour réduire le recours aux
mesures pénales et correctionnelles. Faire en sorte que lincarcération devienne une mesure de
dernier recours. Trois champs dactivités correctionnelles ont été retenus pour
être révisés : Lévaluation de la personne contrevenante; La prestation de services en milieu ouvert; Les relations avec le système judiciaire. Lévaluation de la personne contrevenante Lévaluation conditionne toutes les interventions auprès de la
personne contreveante, tout au long de son cheminement correctionnel. Elle est donc très
importante. Pourquoi revoir les façons de faire en évaluation? Malgré tous les efforts amorcés, certaines personnes confiées aux
services correctionnels sont évaluées dans des délais trop longs, dautres le sont
à différentes étapes, sans tenir compte de ce qui sest fait auparavant. Pour plus
defficacité, de nouvelles lignes directrices ont été dégagées: Réduire les délais et accroître la qualité des évaluations Cesser les dédoublements. Faire en sorte que lévaluation favorise la cohérence et la
complémentarité entre le milieu ouvert et le milieu fermé. Les décisions Toute personne soumise à une mesure correctionnelle fait lobjet
dune évaluation. Lévaluation peut être de premier niveau ou de deuxième
niveau. Lévaluation de premier niveau comprend la cueillette et
lanalyse dinformation permettant la prise en charge de la personne
contrevenante et ladministration de la sentence. Lévaluation de 2e niveau est plus approfondie. Elle conduit à
un plan dintervention correctionnel et sapplique à toute personne qui
rencontre un ou lautre des critères suivants : A une durée de sentence correctionnelle de six mois et plus. A commis un délit contre la personne. Constitue un risque documenté pour la sécurité du public. Le contenu commun dévaluation, tant pour le milieu fermé que
pour le milieu ouvert, est élaboré et consigné dans un dossier informatisé accessible
à tous les intervenants. Le plan dintervention correctionnel couvre lensemble de la
période où la personne contrevenante est confiée aux Services correctionnels et tout
intervenant correctionnel ou communautaire lapplique. Accompagnement et encadrement en milieu ouvert Les Services correctionnels du Québec reconnaissent la contribution
des diverses catégories de personnel pour le suivi en milieu ouvert ainsi que celle des
intervenants communautaires. Le but recherché est de faciliter la complémentarité et la
continuité de services pour renconter les besoins du contrevenant, en respectant les
particularités des régions. Le besoin de la personne contrevenante est lélément clé et le
type de supervision varie selon la complexité de chaque cas. Alors que la responsabilité
légale incombe aux services correctionnels, les ressources communautaires se voient
confirmées en tant que partenaire privilégié. La réforme pour la SEFQ Pour le communautaire, cette réforme concrétise un souhait maintes
fois exprimé: celui de la surveillance qui viendrait prolonger notre intervention auprès
de nos clients à la suite de leur séjour en transition. En fait, la réforme étend la
surveillance aux sursis demprisonnement et aux libérés sous condition. Pour la
SEFQ, cela pourrait se traduire par la surveillance, dans la communauté, de quelque 64
femmes. Le défi réside dans le fait de répondre à leurs besoins tout en assumant ce
nouveau rôle. Nous avons mis au point un programme qui allie à la fois les nécessaires
rencontres individuelles et les visites dans le milieu avec le recours aux groupes sur des
thèmes pertinents en matière de réinsertion sociale. Nous croyons quil importe que nous exercions ce nouveau mandat de
façon novatrice. Lapproche de groupe représente de nombreux avantages: pour
plusieurs femmes, elle offre loccasion de vivre une première expérience collective
dapprentissage et dentraide. Il est reconnu quune approche de groupe
accroît limpact du message parce quon utilise la synergie du groupe. De plus,
chaque participante expérimente de façon concrète le fait quelle nest pas
seule. Plusieurs des difficultés en réinsertion sociale se produisent dans les premiers
mois du retour en société, et nous croyons que laccès à un groupe de support
offre un moyen concret de prévenir la récidive.